
À l’instar du premier procès en septembre 2023, l’audience débute tardivement, un signe avant-coureur ce qui allait être prononcé par la suite ? Laurent Brosse se présentait pour la deuxième fois devant la Justice le 13 octobre pour des faits de harcèlement, de séquestration et d’agression sexuelle envers son ex-compagne. L’édile conflanais espère éviter le même verdict d’il y a deux ans – 12 mois de prison avec sursis et surtout une peine d’inéligibilité de cinq ans – et pour cela, il a changé d’avocat. Désormais c’est Rémi-Pierre Drai, du cabinet éponyme, et dont le site internet arbore fièrement « parmi les meilleurs cabinets de France » d’après un classement effectué par Le Point en 2025. Sa mission est la suivante : « éviter la mort politique » de son client.
Durant le laps de temps entre les deux procès, Lucie (le prénom a été modifié) a l’air de s’être reconstruite et de mieux supporter la narration de son histoire d’amour avec l’élu. Elle a encore du mal à supporter la station debout pendant de longues heures, mais sa voix est plus assurée pour répondre aux questions de la juge. La jeune femme retrace alors les faits survenus entre avril et juillet 2022. Le maire conflanais ne supportant pas la rupture, tour à tour il est allé jusqu’à la suivre en bas de chez elle, sur son lieu de travail et même déposer un petit mot dans son passeport alors qu’elle venait de voter. Mais le point d’orgue restera le 24 juin 2022.
Ce jour-là, Laurent Brosse croise Lucie sur un parking et pénètre dans son véhicule. Il tente alors de l’embrasser mais la trentenaire esquive en détournant la tête. L’avocat en fusion/acquisition finit par retourner dans sa voiture mais la poursuit sur la N184, jusqu’à la bloquer sur la voie de droite. L’édile s’en défend : « Nous étions à un feu rouge et je suis sorti de mon véhicule seulement pour lui dire que j’allais acheter un parfum à Eragny. » Cet événement permettra à la jeune femme de prendre son courage à deux mains et de porter plainte au commissariat de Cergy-Pontoise, afin d’éviter toute collusion entre la police municipale et celui qui représente aussi la loi dans la commune.
De son côté, l’élu semble s’être remis en cause. Moins agressif, il a tout de suite présenté ses excuses en arrivant à la barre : « J’assume les faits de harcèlement et je comprends que mes agissements ont pu impacter son bien-être. Je lui souhaite d’être heureuse et apaisée. » Il met des mots sur des maux dans le but de justifier ses actes. Laurent Brosse était en profonde dépression, la faute au divorce de ses parents et du sien également. Lucie symbolisait « la personne qui pouvait le sauver » malgré leur relation émaillée de quatre ruptures. Il sanglote en repensant à cette période. Après sa séparation avec son amante, les seuls qui ont su lui donner de la force sont les élus et ses administrés, comme cette grand-mère qui l’attrape par le bras au marché de Conflans et qui lui susurre « merci pour ce que vous faites ».
Son avocat a une bien étrange manière de le défendre. Au moment de réaliser le contre interrogatoire de Lucie, il lui demande comment sont-ils tombés amoureux et si « cela ne la dérangeait pas de sortir avec un homme marié », pour finir avec un « avait-il promis de divorcer pour vous ? ». La Conflanaise doit devenir une pêcheresse et par la même occasion, la responsable du comportement second de Laurent Brosse. Car depuis l’édile a refait sa vie et se déclare « heureux en ménage ».
Les réquisitions de l’avocat général tombent : l’inéligibilité est confirmée. Maître Rémi-Pierre Drai part alors dans une envolée lyrique : « Dans un pays qui vient de panthéoniser Robert Badinter, voilà une peine de mort, du moins sociale. » Le verdict est prévu pour le 17 novembre.