Le cadre de vie, un thème majeur de la campagne

Qu’il s’agisse de mobilités avec la traversée de la Seine, d’accès aux soins, d’écologie ou de sécurité, la volonté d’améliorer le cadre de vie transpire dans les propositions des sept binômes en lice dans le canton.

À l’occasion des élections départementales des 20 et 27 juin prochains, le canton des Mureaux s’affiche comme l’un des plus disputés du département. En effet, sept listes s’affronteront lors du premier tour pour représenter, au sein du conseil départemental, le canton composé des communes de Chapet, Ecquevilly, Evecquemont, Gaillon-sur-Montcient, Hardricourt, Meulan-en-Yvelines, Mézy-sur-Seine, Les Mureaux, Tessancourt-sur-Aubette et Vaux-sur-Seine.

Sont ainsi en lice, pour le compte de la majorité départementale actuelle, la maire (DVD) meulanaise, Cécile Zammit-Popescu. Déjà installée au conseil départemental, elle partira cette année en binôme avec l’édile d’Ecquevilly, Marc Herz (SE). Fort d’un demi-succès en 2015, lorsque la liste Front national avait terminé en tête du premier tour, le Rassemblement National sera cette fois représenté par Peggy Barberot (RN), conseillère d’opposition à Meulan-en-Yvelines et Paterne Ngoulou (RN) qui figurait sur la même liste lors des élections municipales. Le parti des Patriotes, fraîchement implanté dans le secteur, présente son délégué départemental, Sébastien El Debs ainsi que ­Laurence Maugest (Patriotes).

Concernant la future passerelle Fatima Cuny (EELV) et Michel Mallet (FI) défendent une liaison sans véhicules motorisés.

À gauche, quatre listes se positionnent contre trois en 2015. Le muriautin Boris Venon (PS) formera un duo avec Gwenaële Guillo (SE), elle, conseillère d’opposition dans la commune de Meulan-en-Yvelines. Également adjoint aux Mureaux, Papa Waly Danfakha (DVG), conduit une liste sans étiquette avec Karine Skowera (SE), ancienne directrice générale des services de la Ville de Bouafle. Fatima Cuny (EELV) et Michel Mallet (FI) se présenteront eux comme « la liste de rassemblement ». Quant à Dominique Martin (POID) et Claudia De Sousa (POID), ils porteront eux, les revendications du Parti ouvrier indépendant démocratique, avec la préservation des emplois de Renault-Flins en cheval de bataille.

Pour les candidats se présentant contre la majorité sortante, tous déplorent comme Michel Mallet, « une assemblée monocolore » et portent l’ambition, si ce n’est d’une alternance, de proposer une opposition au conseil départemental pour le compte du canton. « Nous on va chercher à s’impliquer et on veut faire vivre de nouvelles opportunités politiques et faire vivre de nouvelles alternatives », souligne de son ambition Sébastien El Debs.

Pour Boris Venon (PS), le conseil départemental « veut passer en force » sur le projet de déviation de la RD 154, qui impacte la ville de Chapet.

Parmi eux, nombreux sont ceux qui dénoncent également l’augmentation de la part départementale de la taxe foncière de 66 % en 2016. « Pour nous, c’est dehors tous ceux qui ne veulent pas rompre avec la politique de Macron et appliquent peu ou prou ses politiques avec des restrictions budgétaires », explique de sa position Dominique Martin. Pour autant, celui qui est également l’animateur du comité local des Mureaux du POID, confie qu’il « ne brigue pas la place majoritaire du comité départemental », mais espère avant tout que cette élection permettra de ­populariser son mouvement.

Le binôme qui se présente sous la houlette de la majorité compte bien poursuivre le travail et particulièrement sur les aides du département au bénéfice des communes. « [La hausse] est complètement justifiée, se défend ainsi Cécile Zammit-Popescu. Je tiens à souligner que tout en ayant augmenté la fiscalité, qui a été rebaissée en 2020 (de 8 %, Ndlr), on reste le quatrième département le moins fiscalisé de France et celui qui a les frais de fonctionnement par habitant le plus faible de France. S’il n’y a qu’un bilan à retenir c’est celui-là : celui d’un bon gestionnaire qui reste un gros investisseur. »

Papa Waly Danfakha DVG) et Karine Skowera (SE) proposent la gratuité des transports pour les collégiens scolarisés dans les Yvelines.

Marc Herz poursuit : « Encore heureux qu’on a un département qui nous aide, parce qu’en communauté urbaine, on voit bien les chiffres qui font peur. Il y a tout ce qui est contractualisation commune-département, mais après il y a des tas de dispositifs qui ont pu s’appliquer dans ce canton ».

Pour ce qui est de l’action départementale, Evecquemont a par exemple profité d’une subvention de 8 000 euros en début d’année dans le cadre de la rénovation de son église Notre-Dame-de-L’Assomption. De la même façon, en 2017, il accordait, dans le cadre du contrat rural, 111 000 euros à la commune de Gaillon-sur-Montcient pour la réhabilitation de son ancienne école en un ensemble de six logements.

Jugeant que les plus petites communes du canton manquent d’offre de transport en commun, Peggy Barberot (RN) défend l’idée de « développer le transport fluvial ».

Un point que ne contestent pas Papa Waly Danfakha et Karine Skowera. Cela dit, les deux candidats de la liste Une voix nouvelle pour les Yvelines proposent de se servir de l’imposition « comme d’un outil de solidarité » en prônant la gratuité des transports pour les collégiens scolarisés dans les Yvelines. « Le transport ce n’est pas uniquement pour aller à l’école, c’est aussi pour les activités périscolaires : ça favorise l’épanouissement de l’enfant et c’est du pouvoir d’achat donné aux familles qui n’auraient plus ce reste à charge d’environ 50 euros par enfant tous les mois », détaille l’adjoint muriautin.

C’est d’ailleurs à la frontière de sa commune qu’on retrouve l’un des grands enjeux du canton, à savoir le franchissement de la Seine entre Meulan-en-Yvelines et Les Mureaux. Cauchemars des automobilistes et riverains, en raison des bouchons qui se forment quotidiennement sur le pont, ce dossier, que le Département devrait subventionner par le biais du syndicat mixte des berges de Seine et Oise (SMSO), tiens une place toute ­particulière dans cette campagne.

« Nous on va chercher à s’impliquer et on veut faire vivre de nouvelles opportunités politiques et faire vivre de nouvelles alternatives », souligne de son ambition Sébastien El Debs (Patriotes).

Alors qu’une nouvelle passerelle piétonne est prévue par les deux municipalités dans le cadre du plan gouvernemental Action Cœur de Ville, le binôme Meulanais du Rassemblement National s’oppose fermement à ce projet. « C’est un projet qui ne sert à rien », balaie Peggy Barberot. Jugeant que les plus petites communes du canton manquent d’offre de transport en commun, cette dernière défend plutôt l’idée de « développer le transport fluvial ».

« C’est l’union des deux rives qui est en jeu : on le défendra ardemment », justifie, quant à lui, Boris Venon de l’intérêt d’un tel projet pour le canton. L’adjoint délégué à l’urbanisme des Mureaux se réjouit d’ailleurs de l’accord trouvé avec la commune voisine pour que cette passerelle inclue la circulation de transports en commun. « Je continuerai de défendre […] le fait qu’on puisse passer aussi certaines parties du pont existant à trois voies avec un accès prioritaire aux transports en commun », insiste-t-il.

« Moi, c’était ma condition, je ne validerais pas une passerelle piétonne-cycliste à plusieurs millions d’euros juste en terme de liaison douce et de promenade de week-end, ça ce n’est pas possible, il faut qu’il y ait un vrai apport pratique et que ça serve au rabattement sur la gare des Mureaux », explique de son côté Cécile Zammit-Popescu. Du côté de la liste Ensemble pour une liste écologiste et solidaire, Fatima Cuny (EELV), défend à l’inverse une liaison sans véhicules. « Tout l’intérêt c’est de pouvoir promouvoir le vélo comme un mode de déplacement du quotidien et pour cela il faut véritablement qu’on puisse avoir des aménagements dédiés et sécurisés », détaille-t-elle.

Dominique Martin (POID), confie qu’il « ne brigue pas la place majoritaire du comité départemental », mais espère avant tout que cette élection permettra de populariser son mouvement.

Pour réduire le flux de poids lourds en transit dans le canton et notamment entre Meulan-en-Yvelines et Les Mureaux, les candidats Patriotes préconisent quant à eux, « de revenir au local, d’arrêter d’importer de 5 000 kilomètres ce qu’on peut produire localement ». Pour arriver à cela, Sébastien El Debs assure vouloir « mettre le paquet » sur le levier des cantines des collèges « afin de protéger nos producteurs locaux ».

Sur la question du cadre de vie, le Rassemblement national veut répondre « à l’insécurité grandissante dans le canton ». Les candidats souhaitent proposer, aux communes, un soutien à l’investissement pour bénéficier ou renforcer leur police municipale. Concernant le financement de sa proposition, Paterne Ngoulou prône « des économies réalisées grâce à un contrôle accru des mineurs isolés » pris en charge par le Département.

Déjà installée au conseil départemental, Cécile Zammit-Popescu (DVD) partira cette année en binôme avec l’édile de Ecquevilly et vice-président d’Handi Val de Seine, Marc Herz (SE).

Le sujet de la santé figure également comme l’un des grands thèmes du canton. Parmi les différents sujets et propositions, nombreux sont les candidats qui déplorent la fermeture, durant le dernier mandat, de 38 des 63 centres de protection maternelle infantile (PMI) du territoire. « On ne comprend pas cette stratégie de déplacer le problème alors que ça va coûter plus cher après », souffle Étienne Nguene (Génération.s), suppléant de Michel Mallet, dont le programme propose une ­réouverture des structures.

Interrogée sur ces fermetures, Cécile Zammit-Popescu suggère qu’elles répondent à un besoin « d’efficience » et un meilleur maillage sur tout le territoire, tout en soulignant la difficulté de trouver des médecins. « On prévoit de continuer le déploiement des maisons médicales et de l’aide à la construction d’Ehpad car il y en a cinq qui ont été construits dans la précédente mandature », poursuit la maire meulanaise. De son côté, le maire d’Ecquevilly et vice-président de l’association Handi Val de Seine, salue le lancement récent par le Département de la construction, sur le site hospitalier de Bécheville, d’un foyer d’accueil médicalisé (Fam) spécialisé dans la prise en charge des personnes souffrant de troubles autistiques. « Ça fait partie des actions qui m’ont incité à partir [en campagne], confie l’édile. Ça va toucher nos habitants mais aussi l’échelle nationale et ça va apporter une réponse pour les familles qui se tournaient vers la Belgique. »

Pour Karine Skowera qui envisage de renforcer les moyens des centres PMI en recrutant du personnel « il faut aussi valoriser les salaires ». Cette dernière ambitionne également d’installer dans le canton « une maison des aidants », qui viserait à proposer à ce public « un lieu unique de façon a ce qu’ils puissent être informés sur les dispositifs et être formés et suivis dans cette tâche qui est parfois très difficile ».

Sur l’accompagnement des personnes âgées, Boris Venon dénonce lui une tarification en Ehpad dans les Yvelines, « largement au-dessus de la moyenne nationale : de quasiment 1 000 euros ». Le candidat du parti socialiste souhaite implanter « un service départemental du Grand âge […] pour avoir une politique structurée pour aider nos aînés à faire en sorte de vieillir dignement dans notre département, indépendamment des revenus qu’on peut avoir ».

Pour lutter contre la solitude de certains Yvelinois, parfois accrue en cette période de crise sanitaire, Sébastien El Debs songe, quant à lui, au « logement intergénérationnel ». Comme le présente le candidat, il s’agirait de mettre en contact, « par le biais d’associations », des personnes âgées ainsi que des jeunes sans emploi ou seul dans leurs logements étudiants. « Ça peut être très intéressant au niveau de la transmission entre les générations », juge-t-il.