Au quartier du Parc, l’élagage de la « jungle urbaine » se poursuit

Voilà maintenant près d’une décennie qu’un vaste plan de rénovation urbaine a été lancé au Nord de la commune pour transformer le paysage du quartier du Parc. Outre la réhabilitation du parc social et de son tissu commercial, ce défi urbain doit permettre de désenclaver la cité.

Dans son cocon de béton le quartier du Parc patiente toujours le temps d’achever sa mue. Dans cet ensemble de 16 immeubles construits en 1956, la vie est rythmée depuis plusieurs années par le ballet des ouvriers engagés sur ce vaste chantier de rénovation urbaine. Au gré des panneaux de travaux plantés aux quatre coins du quartier, les barres d’habitations changent d’apparence les unes après les autres.

Près de dix ans après les premières réflexions sur « l’ouverture » de la cité sur la ville, le bailleur social CDC Habitat, aura à la fin de l’année réhabilité la moitié de son parc de 743 logements et détruit dix d’entre eux. Alors que cette opération permettra à la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) de tracer deux nouvelles voies, d’autres démolitions sont encore envisagées pour « faciliter la circulation » dans le quartier. De leur côté, certains habitants concernés par les premières phases de la rénovation, restent dubitatifs sur la qualité des travaux réalisés et s’interrogent sur les économies d’énergie promises.

« À la fin du projet, 100 % des 820 logements (743 gérés par CDC Habitat, le reste par Logirep, Ndlr) auront une réhabilitation, leurs espaces intérieurs remis aux normes et tous les espaces publics, stationnement, circulation, aires de jeux seront requalifiés, rénovés avec une centralité commerciale nouvelle avec de nouveaux commerces et des commerces existants réinstallés dans des cellules optimales », résume le maire vernolitain, Pascal Collado (SE), de la finalité du projet qui devrait ­s’étaler jusqu’en 2030.

Du côté de CDC Habitat, le bailleur social a d’ores et déjà investi 26 millions d’euros pour mener à bien la rénovation de 583 logements, dont 323 qui ont été livrés depuis 2019. La Ville ne bénéficiant pas des crédits nationaux de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), c’est de fait le Département des Yvelines qui participe au financement du renouvellement urbain au travers de son dispositif « Prior’Yvelines ».

« Il y a eu un travail à la fois sur les façades, où l’on est venu améliorer l’isolation thermique et remplacer les fenêtres, mais aussi en termes de confort dans les logements avec des réfections de pièces humides, au niveau des équipements sanitaires […] des remplacements de menuiseries extérieures, des remplacements d’électricité et aussi des travaux d’améliorations des parties communes dans les halls et dans les cages d’escaliers », détaille Marc Escargueil, directeur des programmes pour CDC Habitat, des opérations qui seront également engagées dans le reste du parc social.

Pour le bailleur cet investissement doit notamment permettre d’améliorer l’efficacité énergétique des logements et le cadre de vie des locataires. Selon Marc Escargueil, ces travaux permettraient un gain « d’environ 32 % de consommation énergétique sur la résidence », lui permettant ainsi d’atteindre un diagnostic de performance comparable aux constructions neuves.

Pour autant, les résidents rencontrés par La Gazette, et qui ont été concernés par les premières phases de réhabilitation, ne semblent pas totalement convaincus par ces dernières. « Chez moi, les travaux se sont plutôt bien passés, mais ma voisine, elle est très embêtée depuis qu’ils ont touché au système électrique de chez elle », ­rapporte l’un d’entre eux.

« Dans l’ensemble, ce n’est quand même pas terrible, note un retraité habitant l’allée des Pivoines. C’est clair que c’est mieux pour l’aspect global, mais pour l’instant sur la facture, sur les charges, on n’a rien vu et en plus de ça le loyer a augmenté. » Il poursuit : « C’est une augmentation de quelques euros, à peine une dizaine il me semble et quand j’ai posé la question on m’a dit qu’ils ajusteraient si la consommation baisse, donc j’attends de voir. »

« Il y a eu un travail sur les façades, où l’on est venu améliorer l’isolation thermique et remplacer les fenêtres », détaille Marc Escargueil, directeur des programmes pour CDC Habitat, des opérations qui seront également engagées dans le reste du parc social.

Effectivement, selon CDC Habitat, au minimum, un an d’exercice serait nécessaire pour mesurer les premiers impacts sur les charges. « Il y a deux phénomènes qui suivent la réhabilitation thermique d’un logement : le premier plus spécifiquement [est] lié au confort du locataire avec le remplacement des fenêtres et des façades qui permettent d’éviter tous les courants d’air qu’il pouvait y avoir et puis après les impacts sur les charges où là il faut qu’on retravaille les réglages de nos systèmes de chauffage et donc c’est quelque chose qui est un petit peu plus long en terme de recul pour ressentir le coût », précise Marc Escargueil.

Sur l’augmentation constatée par les habitants sur leur quittance de loyer, celle-ci correspond à la contribution des locataires aux travaux d’économie de charge. Il s’agit-là d’une disposition incitative de l’Etat, encadrée par l’arrêté du 29 novembre 2009, permettant au bailleur qui réalise ces travaux sur un immeuble, de partager les gains d’économies de charge de celui-ci à part égale avec ses locataires durant les quinze ans qui suivent la réhabilitation.

Mise à part cela, les habitants voient plutôt d’un bon œil l’idée de faciliter la circulation à l’intérieur du quartier. « On se retrouve souvent à faire des manœuvres pour se garer ou sortir dans les impasses ou comme le long de Lidl », explique Inès. Un manque d’espace également souligné par l’enseigne elle-même qui prévoit de reconstruire un nouveau magasin dans le quartier « aux standards de l’enseigne de Meulan-en-Yvelines » annonce d’ailleurs Pascal Collado. Si le projet doit encore être ficelé, le principe a récemment été validé par la Communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, la Ville et le groupe Lidl.

« Nous on veut y aller et accompagner les différents acteurs et les Vernolitains dans la rénovation de cet ensemble », assure Ornella Tellaroli, responsable du développement immobilier de Lidl. Pour le groupe, le supermarché actuel, installé depuis 1998, est dépassé tant par son âge, que par sa surface. « Ce qui est imaginé c’est un magasin qui correspond à notre nouveau concept : avec une surface qui tournera, selon le projet, autour de 1 400 m2 (contre 750 m2 actuellement, Ndlr) avec un parking en rez-de-chaussée et une surface de vente à l’étage », détaille Ornella Tellaroli. Les premières projections donneraient une ouverture « à l’horizon 2025 ». Avec ce remaniement de l’espace commercial, le promoteur Nexity devrait quant à lui construire 74 logements le long du boulevard de l’Europe. De même, les requalifications du centre social Les Résédas et de l’école élémentaire Annie-­Fratellini sont attendues.

Autant d’aménagements qui nécessitent de revoir la circulation globale du quartier. Et pour desservir plus efficacement l’ensemble, GPSEO prévoit de créer deux nouvelles voies, en profitant notamment de l’espace créé par CDC Habitat lorsque celui-ci a détruit dix appartements pour scinder la résidence des ­Capucines en deux.

« La cité du Parc a besoin d’être désenclavée, c’est-à-dire qu’il faut refaire de la circulation intra-cité puisqu’elle était quasiment impossible tellement le quartier était enfermé avec des barres d’immeubles qui sont peut-être les plus longues du territoire », analyse Catherine Arenou (DVD) qui, par sa double casquette de conseillère communautaire déléguée à la politique de la Ville et vice-présidente du Département déléguée à la rénovation urbaine, pilote également le projet politique.

L’une de ces deux voie prolongera ainsi l’impasse des Ormes, transformée en « route des Ormes » et permettra, par exemple, de faciliter l’accès à l’école maternelle depuis le boulevard de l’Europe. La seconde, nommée rue du Colonel Beltrame, aura pour objet de recréer de la circulation à l’intérieur même du quartier « alors que jusque-là, on le contournait plus qu’autre chose, juge l’élue communautaire et départementale. Ça rendra les choses beaucoup plus ­fonctionnelles. »

Dans cette idée de « donner plus d’aération au quartier », de nouvelles démolitions pourraient être inscrites à la poursuite de la transformation de la cité. « On a cette même réflexion sur deux autres secteurs où on pourrait apporter des percées visuelles et donner ce sentiment de moins être enfermé dans la jungle urbaine », confie Marc Escargueil en précisant tout de même que « ce sont des arbitrages qui ne sont pas forcément définitifs ». Interrogé à ce sujet, Pascal Collado suggère que les perspectives totales de ­démolitions soient fixées à « 60 logements ».

Article modifié le 15 juillet : Nous vous indiquions que le promoteur Nexity devrait construire 200 logements le long du boulevard de l’Europe, cette information est erronée puisque c’est 74 logements qui sont envisagés.

Très attendue, la mosquée sera construite au cœur du quartier

Porté par l’association musulmane du canton de Vernouillet, le nouveau lieu de prière va s’implanter au milieu des immeubles, entre l’allée des Coquelicots et celle des Violettes.

« La mosquée est l’une des composantes indissociables de ce projet de rénovation du quartier du Parc », estime le 1er avril, Pascal Collado quelques jours après que le permis de construire de celle-ci ait été validé. Porté par l’association musulmane du canton de Vernouillet, Verneuil et Triel, le nouveau lieu de prière va s’implanter au milieu des immeubles, entre l’allée des Coquelicots et celle des Violettes.

D’après le permis de construire, la bâtisse carrée de 577 m² sera notamment composée de deux salles de prières, surplombée d’un large dôme. Avec des dimensions de plus de 160 m², la première, située au rez-de-chaussée pourra accueillir jusqu’à 333 fidèles. Cent-quatre-vingt-quatre personnes devraient pouvoir se regrouper dans la seconde installée comme une mezzanine au-dessus de la salle principale. Des bureaux ainsi qu’une large salle de réunion permettront également à l’association cultuelle de s’organiser.

Un bail emphytéotique, validé par les services préfectoraux, a été signé entre la Ville de Vernouillet et l’association qui mènera, elle, la construction financée grâce à un appel de fonds. Contactée à de nombreuses reprises pour préciser le coût de l’ouvrage et l’échéancier de sa livraison, l’association musulmane du canton de Vernouillet, Verneuil et Triel n’a pas répondu à nos sollicitations.

« Ils sont satisfaits de l’aboutissement de la démarche qui a été engagée depuis longtemps », rapporte l’édile de ses échanges récents avec les membres de l’association musulmane. Et pour cause, depuis plusieurs années, ces derniers en étaient réduits à pratiquer leur culte dans une tente adossée à l’ancienne chapelle du quartier, située à 150 mètres du futur lieu de prière. « C’était inadapté à la pratique religieuse, souligne Pascal Collado. C’est un projet qui était en gestation depuis une vingtaine d’années, mais qui n’avait pas pu aboutir pour différentes raisons donc on est ravis d’avoir permis d’accompagner ce projet pour qu’ils puissent enfin disposer d’un lieu descend. »