L’urbanisation de la zone Feucherêts-Basins au cœur du débat politique

La Ville travaille actuellement à conclure un programme immobilier qui devrait comporter 225 logements dont une majorité à vocation sociale. Des projections qui divisent les élus.

Construira ou non, débattra ou non, depuis deux semaines, les projets de construction de logements animent la vie politique trielloise. Dernier épisode en date : la mise aux voix au conseil municipal, ce mercredi 29 septembre, de deux délibérations adjacentes à un vaste projet immobilier dans la zone Feucherêts-­Basins.

Dès le 15 septembre dernier, le maire triellois, Cédric Aoun (SE), avait laissé entrevoir ses ambitions pour le devenir de ce secteur situé au Sud-est de la commune. Lors de la présentation du nouveau projet à venir dans la rue du général Gallieni, ce dernier s’était félicité d’avoir réduit le nombre de logements prévu en proposant au promoteur Nacarat un projet de compensation : la zone ­Feucherêts-Basins.

Si ce jour-là, l’édile n’avait pas souhaité s’avancer sur un delta de logements, la commission urbanisme et le conseil municipal organisés les jours suivants ont rapidement précisé la chose. Ce mercredi, les élus ont ainsi acté la cession de deux parcelles situées dans le lieu-dit « Les Basins » au bénéfice de la société Nacarat.

La promesse de vente, que s’est procuré La Gazette, indique ainsi que pour le promoteur, ces cessions sont « indivisibles » de l’opération de construction qu’il projette dans la commune. Et que cette dernière « consiste en la création de 225 logements [dont] 119 logements sociaux en résidence intergénérationnelle, 41 logements sociaux, 65 logements intermédiaires » sur une surface de plus de 17 hectares.

Si Cédric Aoun estime qu’il ne s’agit là que de projections théoriques du promoteur, il est néanmoins clair que cette zone demeure un site stratégique dans son objectif d’atteindre le taux de 25 % de logements sociaux (voir encadré), sachant qu’il constitue l’un des plus grands fonciers encore disponibles dans la commune.

La zone Feucherêts- Basins est l’un des fonciers les plus étendus encore disponible dans la commune.

Certains élus d’oppositions, comme Cyril Arzel, Yvon Rosconval ou Sophie Kérignard se sont montrés inquiets concernant les dimensions du projet et ont évoqué leurs craintes de voir regrouper, en périphérie de la commune, une forte ­concentration de logements sociaux. « C’est du jamais vu à Triel », commente Yvon Rosconval.

« On va créer un nouveau quartier de manière à éviter toute densification du centre-ville et des autres quartiers, argumente de son côté Cédric Aoun tout en excluant d’éventuels problèmes sécuritaires. Tout le monde peut être rassuré là-dessus, il n’y aura pas de zone de la Noé 2 à Triel, ce sera une résidence intergénérationnelle qui va regrouper des étudiants et des personnes âgées et c’est rarement eux qu’on voit se tirer dessus avec des mortiers dans la rue. » Selon l’entourage de la maire chantelouvaise, Catherine Arenou (DVD), cette dernière ne verrait pas d’un très bon œil l’implantation de ce nouveau quartier à proximité immédiate de sa commune qui tente de se sortir par le haut de plusieurs décennies ­d’enclavement.

En 2019, lors de l’examen du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) et des orientations d’aménagements dans le secteur de Triel-sur-Seine, l’élue avait notamment émis un avis défavorable à la densification du secteur Feucherêts-Basins en indiquant « que ce secteur apparaît en rupture avec le tissu urbain existant ». Sur ce point, Cédric Aoun estime qu’il s’agit là « d’une erreur ­d’appréciation » de son ­homologue.

L’opposition réclame un débat d’aménagement

La présentation par le maire, Cédric Aoun (SE), du contrat de mixité sociale a également agité le conseil municipal ce mercredi. Ce document, qui sera signé entre la Ville et la préfecture, a pour objectif de mettre sur la table diverses possibilités immobilières à vocations sociales. « C’est juste un planning prévisionnel obligatoire à fournir à la préfecture, ce n’est pas un engagement » désamorce d’emblée l’édile triellois. Dans ce contrat, que s’est procuré La Gazette, la Ville liste ainsi neuf projets, pour 411 logements, qui lui permettraient de redresser sa carence en logements sociaux d’ici 2025.

Jugeant que ce contrat présente « un volume de constructions conséquent et pèsera sur le cadre de vie des Triellois » le groupe d’opposition Triel Autrement a demandé d’ajourner la délibération en attendant l’organisation d’un débat de politique générale. Cette disposition légale pouvant être appliquée à la demande d’un dixième au moins des membres du conseil municipal.« Il serait l’occasion de rendre plus visible et de mettre en cohérence l’ensemble des actions notamment en matière d’urbanisme, de grands projets, de développement du territoire, de sécurité, de mobilités… », détaillent les dix élus signataires dans un communiqué de presse.

De son côté, Cédric Aoun a répondu « qu’aucun débat ne sera organisé », les détails du projet de délibération ayant déjà été examinés en commission urbanisme. Au total, dix élus minoritaires, présentant au total 30 % du conseil municipal, ont signé la demande transmit ce vendredi 1er octobre. Reste maintenant à savoir quelle place aura ce débat à la prochaine échéance municipale.