Aux Mureaux, on expérimente les véhicules du futur

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L’Atelier Parisien Urbanisme (Apur) vient de sortir une étude qui révèle une démotorisation qui s’amplifie sur le territoire : il y aurait 1,21 % de véhicules immatriculés en moins circulant dans la Métropole du Grand Paris entre 2021 et 2022, soit plus de 35 000 véhicules dits « légers », de la voiture particulière au vélo utilitaire léger. Ce qui n’est une surprise pour personne. La question de la mobilité en territoire urbain est très souvent débattue, du développement des transports en commun à l’apparition de trottinettes ou de vélos en libre service sur les trottoirs (voir notre édition du 2 mai 2023).

Tandis que l’on assiste à une véritable mutation de nos modes de déplacements, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) a choisi dix communes, sur 47 candidatures à l’échelle nationale, comme villes laboratoires d’une expérimentation baptisée « eXtrème Défi ». Celle-ci est censée tester des mobilités nouvelles, innovantes, afin de proposer des solutions alternatives à la voiture en ville. Et parmi ces communes test, une seule se situe en Île-de-France : celle des Mureaux.

Si le choix de ne retenir qu’une ville francilienne peut prêter à surprendre, la candidature des Mureaux, elle, avait tout pour séduire l’Ademe. Car comme le souligne l’élu chargé à l’éco-ville, Michel Carrière, il y a une « longue histoire » entre Les Mureaux et l’Ademe. « Les premiers contacts remontent à 2002, se souvient l’élu en place depuis plus de 20 ans à la Mairie. Nous travaillons de concert depuis pas mal d’années, sur des opérations de construction, de transport… L’Ademe a toujours vu que nous étions dans une stratégie d’amélioration, et que nous avions réfléchi à la smart city dès 2007. Cet engagement et cet historique nous donnent de la crédibilité. Et puis avec Ariane, Peugeot, Renault, on est dans la vallée de la mobilité ».

Ces véhicules, encore en phase de conception, ont été imaginés par des constructeurs et des inventeurs ayant répondu à l’appel de l’Ademe et de son expérimentation eXtrême Défi. (Crédits : HPRSolutions)

Mais en quoi consistera exactement cette expérimentation ? Dès cet été, les Muriautins verront pulluler des véhicules sous différentes formes pour le moins originales, mais tous avec le même objectif : offrir une solution bas-carbone pour remplacer la voiture dans les déplacements du quotidien des territoires péri-urbains. Parmi les véhicules qui pourraient arpenter les rues muriautines cet été, on trouve notamment des tricycles carénés, électriques ou à remorque, des vélos solaires utilisables à plusieurs, ou encore des quadricycles capables d’atteindre pas moins de 75 kilomètres heure. Ces véhicules, encore en phase de conception, ont été imaginés par des constructeurs et des inventeurs ayant répondu à l’appel de l’Ademe et de son ­expérimentation eXtrême Défi.

« L’objectif est de pouvoir remplacer la voiture au quotidien dans de nombreux territoires péri-urbains et ruraux, en développant une collection d’objets roulants véhiculant 1 à 2 personnes et une charge de 100 kg ou bien 3 personnes et leurs sacs, 10x moins coûteux, 10x plus durables et recyclables, 10x plus légers, 10x plus simples, 10x moins puissants qu’un véhicule routier classique », détaille l’agence.

Si la Ville n’aura pas son mot à dire sur la conception des-dits véhicules, elle leur offrira un terrain de jeu idéal afin de savoir lesquels sont les mieux adaptés à la mobilité urbaine. « Nous, on est là pour essayer ces véhicules, pour regarder s’ils sont compatibles sur des systèmes d’organisation de voiries, et pour voir comment les utiliser dans le dédale des voiries communales », rappelle Michel Carrière. Selon lui, ces nouveaux engins doivent repenser notre manière de nous déplacer en ville. « Ce que fait l’ADEME, c’est imaginer des véhicules qui dépassent le cadre des voitures. Le calcul est simple : 90 % de l’énergie utilisée par la voiture est utilisée pour déplacer la voiture, et pas le conducteur. On peut optimiser, en imaginant des véhicules plus légers, et les dimensionner selon nos besoins courants ».

Dès cet été, les Muriautins verront pulluler des véhicules sous différentes formes pour le moins originales. (crédits : Cyclauto)

Les véhicules déployés par l’Ademe ne seront pas les seules solutions innovantes à s’approprier les axes des Mureaux dans les prochains mois. Vous êtes peut-être déjà au courant, mais le site muriautin du groupe Ariane accueille, depuis deux ans, des navettes automatisées et électriques. Cet immense centre de 92 hectares représente un parfait terrain de jeu pour ces mini-bus sans chauffeur – et sans aucun opérateur de bord depuis le mois de novembre 2022 -, qui peuvent transporter jusqu’à 10 personnes entre les 18 arrêts répartis sur l’ensemble du site. Une expérimentation menée dans le cadre du programme de recherche Navetty, portée par le Département des Yvelines, EasyMile, Transdev, ArianeGroup et VEDECOM.

Tandis que ces navettes ont fait leurs preuves dans l’environnement complexe du site d’Ariane, en étant confrontées au quotidien à des conditions habituelles de circulation, elles devraient s’épanouir hors des murs du centre aérospatial, et ce dès le mois de septembre prochain. « On attend encore les confirmations et l’accord de l’Etat pour que le véhicule puisse sortir de la voie routière », glisse-t-on du côté de la municipalité. Plusieurs de ces mini-bus assureront en effet le trajet entre le site d’Ariane et les gares des Mureaux et des Clairières de Verneuil-sur-Seine, de quoi assurer le service du dernier kilomètre cher aux collectivités.

Ces véhicules autonomes serviront également d’outil afin d’imaginer la ville de demain, comme l’imagine Michel Carrière. « Nos véhicules pourraient être plus intelligents qu’ils ne le sont, constate-t-il. Le seul problème, c’est que la route n’a pas évolué depuis que la voiture existe, elle est toujours constituée de bitume et de signalisation horizontale et verticale. Pour la rendre intelligente, il faudrait mettre, dans les entrées de villes, des système qui limitent la vitesse des voitures à un certain point, et ainsi contrôler la vitesse en ville ».

Les automobilistes, très sensibles lorsque l’on touche au sujet de la vitesse, accepteraient-ils que leur liberté au volant soit tant remise en question ? Cela en vaudrait pourtant la peine pour l’élu muriautin, « Cela éviterait de tuer des enfants comme on a pu le voir récemment, appuie-t-il. De plus, cela engendrerait moins de consommation et donc moins de pollution ». À voir ce que le futur nous réserve. Et pour en avoir une idée, c’est du côté des Mureaux qu’il faudra jeter un œil.