Front (national) contre front (libéré)

Démis de ses fonctions il y a un an, l’ancien secrétaire départemental du Front national vient de créer son propre parti. Il souhaite présenter des candidats aux élections législative et pourrait grappiller des voix de son ancien parti.

Depuis quelques semaines, deux fronts existent dans l’échiquier politique yvelinois : l’historique Front national et le nouveau Front libéré. Ce dernier pourrait bien troubler le jeu électoral du FN aux élections législatives, en lui grappillant les quelques pourcents qui pourraient être nécessaires aux candidats FN pour accéder au second tour, voire l’emporter comme l’espèrent à voix de plus en plus haute ses dirigeants locaux.

Le Front libéré a été créé à la mi-mars par Philippe Chevrier, l’ancien secrétaire départemental du FN qui avait été démis de sa fonction il y a un an. Il lui était reproché d’avoir participé au rassemblement de Jean-Marie Le Pen, le 1er mai devant la statue de Jeanne d’Arc à Paris. Le président du Front libéré espère présenter des candidats dans les Yvelines aux prochaines élections législatives.

François Siméoni secrétaire départemental du Front national.

« On est plusieurs à avoir été exclus du FN sans qu’on ne nous ai donné de raison valable et acceptable, se souvient Philippe Chevrier, qui est également conseiller régional. On s’est retrouvés un peu perdus, à devoir choisir de soit rester à la maison ou continuer à participer à la vie politique. » C’est donc la deuxième option qu’a choisi Philippe Chevrier en créant son propre parti, qu’il assure ne pas être « un FN bis » bien que plusieurs similarités semblent exister dans le programme.

François Siméoni, le successeur de Philippe Chevrier au poste de secrétaire départemental du FN, estime de son prédécesseur que « sa réaction a été curieuse : il a choisi de créer un mouvement et finalement il se présente aujourd’hui pour s’opposer aux candidats du Front national ». Il ajoute estimer qu’il s’agit d’un problème « essentiellement personnel » et qui n’aura « absolument aucune conséquence en terme de résultats électoraux ».De son côté, Philippe Chevrier considère n’être « pas en tort avec le FN » mais avec « sa gouvernance ». Et précise : « Si demain on a des gens du FN ouverts à parler avec nous, il n’y a aucune raison qu’on n’ai pas des accords. »

Quelques semaines après la création de son nouveau parti, Philippe Chevrier avance à « une cinquantaine » le nombre de personnes l’ayant rejoint, parmi lesquels d’anciens candidats aux élections municipales, des élus locaux dont le conseiller municipal d’opposition d’Elancourt, Nicolas Boher, et d’anciens militants frontistes.

Philippe Chevrier, président du Front libéré.

L’actuel secrétaire départemental du FN, estime de son côté à « six » le nombre de militants ayant grossi les rangs du Front libéré. « Pourtant, on a essayé de les retenir », indique François Siméoni, qui sera candidat aux législatives dans la circonscription du Mantois. Mais il estime que, proportionnellement au nombre d’adhérents frontistes yvelinois, « ça ne représente pas grand chose ».

Le président du Front libéré « espère bien » pouvoir présenter des candidats aux élections législatives, et sera lui-même candidat dans la 10ème circonscription des Yvelines. « On ne va pas couvrir tout le département mais si on fait quatre ou cinq candidatures, c’est déjà pas mal. »

Interrogé sur de possibles divisions des voix Front national à cause de ce nouveau parti, François Siméoni se montre serein. « Nous pensons que sa candidature va avoir des conséquences extrêmement limitées, et encore si il se présente parce que pour l’instant rien n’est certain, indique le secrétaire départemental frontiste. Il a annoncé qu’il allait présenter des candidats. De là à en présenter, il y a une marge. »

Des candidats frontistes dans toutes les circonscriptions

Le Front national est « investi dans les présidentielles », d’après le secrétaire départemental François Siméoni (FN), mais il prépare déjà l’après : les élections législatives. Le vendredi 24 mars, la section yvelinoise du parti de Marine Le Pen (FN) a organisé une conférence de presse pour présenter ses candidats pour les douze circonscriptions des Yvelines.

Le patron yvelinois du FN en est convaincu : « En cas de succès à la présidentielle, je pense que nous allons faire des scores extrêmement importants sur les Yvelines ». Et si Marine Le Pen ne devenait pas présidente, « hypothèse que nous n’envisageons pas » précise François Siméoni, ce dernier estime « que un minimum de circonscriptions seraient gagnées ». Et d’ajouter : « Dans les circonscriptions où on a avoisiné les 40 % aux départementales, on peut espérer passer les 50 % même dans la situation la plus néfaste ».

François Siméoni, bien que conseiller municipal d’opposition à Versailles, partira quant à lui dans la très disputée 8ème circonscription, celle du Mantois. L’idée pour le FN est « de placer sur les cantons les plus porteurs ceux qui sont les plus représentatifs de la fédération », indique le secrétaire départemental.

Les autres candidats frontistes dans la zone couverte par La Gazette sont Didier Rouxel pour la 6ème circonscription, Karyne Gaudin pour la 7ème, Emmanuel Norbert-Couade pour la 9ème, et Jean-Luc Gallais pour la 12ème.