Florian Fillion : « Sans eux, jamais je n’aurais pu réussir »

Entre le 1er et le 2 juin, Florian Fillion, le pompier de la caserne d’Aubergenville, est parti à l’assaut du Mont Blanc. Sur place, les éléments ont parfois été contre lui mais grâce à l’appui de sa team « Broken », il a réussi à triompher des 170 kilomètres en 41 h.

Florian Fillion

Pour commencer, est-ce que vous êtes encore fatigué de votre course ?
Depuis notre retour, je suis quand même retourné courir mais nous avons du mal à récupérer. Le week-end était hyper speed, ce n’était pas prévu que le trail dure aussi longtemps. Avant de partir, nous avions étudié deux configurations : une à 30 h et une autre à 40 h, tout dépendait du taux d’enneigement. Et c’est le deuxième cas qui s’est produit.

Qu’est-ce que cela a modifié ?
Tout d’abord d’un point de vue logistique, il y a 2 ou 3 points de ravitaillement où nous avons rencontré des difficultés. Il y en a même un qui n’a pas pu être mis en place car des routes étaient fermées. Pourtant, la semaine précédente, nous avions appelé les guides de haute montagne pour savoir ­lesquelles étaient ­indisponibles.

Il y a eu quelques impondérables ?
Le premier est arrivé au 60ème km. Je pars avec Christophe, l’un des pacers (personne dictant le rythme dans une course et qui précède le coureur, Ndlr), qui se blesse à la cheville juste après le ravitaillement. Donc je le ramène sur le bord de la route et je pars pour l’ascension d’un double col qui allait m’emmener à 2 500 m d’altitude. Quand j’arrive à cette hauteur, les talkies-walkies ne captaient plus rien, la boussole pareil. Je me suis retrouvé sur des flancs de montagnes où je cherchais mon chemin. Je ne faisais pas le fier, partir tout seul était peut-être une bêtise.

Et ensuite ?
Autre péripétie, au niveau du 105ème kilomètre pour le passage du Grand col Ferret. Même les guides de haute montagne nous déconseillaient de le faire à cause de la présence de plaques de glaces. En plus il faisait nuit. Nous étions 3. Le premier faisait les traces dans la neige, le deuxième indiquait l’orientation et moi je les suivais. Pour progresser d’1km, il fallait compter 45 minutes, donc nous avons mis 4 h pour le passer. Et même la descente fut difficile puisque nous avons cassé trois bâtons de marche.

Vous y alliez dans le but de vivre une aventure humaine. Ce fut le cas ?
Elle a même dépassé l’entendement. Tous les jours j’ai l’équipe au téléphone, ils sont en pleurs. L’arrivée à Chamonix, jamais tu ne t’en remets. Nous arrivons en courant, il y a la petite Lya (la fille d’un de ses collègues à la caserne de pompier atteinte d’hémiplégie alternante, Ndlr) qui nous attend dans sa poussette avec ses ballons blanc et bleu. Puis on finit les derniers mètres avec elle jusqu’à la place de l’Église. Ses parents étaient en pleurs. Sur les terrasses des bars les gens applaudissaient et plein de curieux sont venus à notre rencontre. Autre point important, la présence de la team « Broken ». Ils ont été constamment là, m’ont aidé, m’ont soutenu. Vraiment sans eux, jamais je n’aurais pu réussir.

Quelles sont les futures échéances ?
L’équipe de communication a filmé toute la course et le montage du film est en cours. Je suis content qu’il y en ait un car pour nos proches et pour tous ceux qui ont participé à cet exploit, il fallait garder une trace. Ensuite il y aura une conférence début septembre avec la remise du chèque à l’association (l’AFHA, une association de lutte contre ­l’hémiplégie alternante, Ndlr).