Écarté par le maire, l’adjoint maintenu par les élus

La séance du 14 décembre a vu la réélection au poste d’adjoint d’Eugène Dalle pourtant démis de ses fonctions quelques minutes plus tôt. Ce revirement signe la première mise en minorité du maire.

Nouveau soubresaut sur l’échiquier politique vernolien. Amoindri de cinq élus depuis la constitution d’un nouveau groupe en octobre dernier, le maire et sa majorité ont connu une première déconvenue lors du dernier conseil municipal le 14 décembre. Malgré sa supériorité numérique, l’équipe de Fabien Aufrechter (LREM) s’est désolidarisée sur l’éviction d’Eugène Dalle, figure de l’urbanisme à Verneuil-sur-Seine, de ses fonctions d’adjoint. Si l’édile parle de cet épisode comme « un épiphénomène », d’autres y voient les ­prémices d’une implosion.

Cinq, puis trois : c’est le nombre d’élus issus des rangs de la majorité qui n’ont pas suivi Fabien Aufrechter lorsque celui-ci a mis aux voix le retrait des fonctions d’adjoint d’Eugène Dalle puis lors de l’élection d’un remplaçant. Jugeant que le premier scrutin relevait « de la tambouille de la majorité », les trois groupes d’opposition n’ont pas pris part au vote laissant ainsi la majorité et son groupe démissionnaire, Action et progrès pour Verneuil (AEPV) dont fait partie Eugène Dalle, acter l’éviction de ce dernier à 13 voix contre 8. Au dépouillement deux votes blancs entretenaient également le suspens pour la suite.

« Ce n’est en aucun cas une exclusion d’un groupe qui vient de notre côté mais juste le fait que j’attendais, et je l’attends toujours d’ailleurs, plus qu’un silence », explique l’édile qui reproche aux élus du groupe AEPV de ne pas avoir condamné les propos tenus par l’un de leurs membres lors du conseil municipal précédent. Le 26 novembre, Fabien Aufrechter avait annoncé sur Facebook le retrait des délégations d’Eugène Dalle, Caroline Pisica et Georges-Edouard Bacle.

« Le maire, excédé par la création du groupe AEPV, attendait l’excuse d’un premier dérapage afin de nous retirer nos délégations, répond ce dernier. S’en est suivi un mail adressé au reste du groupe nous demandant d’exclure publiquement de notre groupe non seulement Socrate Gabrielides, mais également Philippe Lenfant, courrier qui ajoutait que faute de réponse sous quatre jours nos délégations nous seraient retirées. […] Aux menaces nous avons préféré répondre par le silence car personne ne saurait nous acheter avec des ­indemnités d’élus ! »

Finalement, l’issue de second scrutin, voyant la réélection d’Eugène Dalle contre la candidate de la majorité, la conseillère déléguée aux affaires scolaires Sophie Garrec, à 17 voix contre 15, aura vu l’édile mis en minorité, les élus d’opposition étant cette fois rentrés dans la danse à l’exception du conseiller PS Fabien Lemoine. Trahi par le vote à bulletins secrets qu’il avait pourtant lui-même proposé, trouvant cela « plus respectueux », Fabien Aufrechter suspend la séance dès l’annonce des résultats et ­rassemble ses troupes.

Dans les minutes qui suivent, le maire vernolien finit par supprimer dix délibérations de l’ordre du jour. Ces dernières devaient notamment réformer la composition des commissions municipales et élire de nouveaux représentants dans les syndicats intercommunaux tels que celui de l’aérodrome des Mureaux-Verneuil, présidé par Eugène Dalle. Alors qu’il devait être lui-même candidat pour remplacer l’adjoint maintenu, Fabien Aufrechter s’est finalement ravisé après une nouvelle suspension de séance ­demandée, cette fois, par le groupe AEPV.

« On ne va pas passer toute la nuit avec encore une palanquée de délibérations qui ne changeront rien puisque de toutes manières il n’y a pas eu l’adjoint que j’avais proposé donc on n’a pas besoin de rechanger les commissions », tranche le maire au retour de la pause. Un choix soudain qui semble surprendre Olivier Melsens son premier adjoint assis à côté de lui. « Tu ne fais pas le vote avant ? », l’entend-on interroger le maire.

S’il a rappelé que des indemnités continueront donc à être versées à Eugène Dalle malgré son retrait de délégations « et donc sans travail », Fabien Aufrechter ne sera cependant pas contraint de redonner un domaine d’action à l’adjoint réélu. Contrairement aux suites données dans un épisode similaire au conseil municipal de Carrières-sous-Poissy en avril 2019, la loi engagement et proximité du 27 décembre 2019, ne prévoit désormais plus l’obligation que tous les adjoints au maire soient pourvus de délégations. Cela dit, alors que le débat d’orientation budgétaire aura lieu en début d’année, l’édile pourrait, d’ici là, encore remettre le maintien de l’adjoint en question, notamment pour jauger de la ­solidité de son groupe.