Au cours du mois de décembre, les communes de Verneuil-sur-Seine, Vernouillet et Triel-sur-Seine ont acté la sortie de cette dernière du syndicat intercommunal à vocation unique pour le commissariat de police du canton (Sivucop). Une séparation engagée il y a un an par le maire triellois, Cédric Aoun (SE). De leur côté, les maires vernolitain et vernolien, Pascal Collado (SE) et Fabien Aufrechter (LREM), poursuivent la mutualisation de leurs polices municipales dans les locaux du Sivucop.
Pour rappel, Cédric Aoun avait annoncé son intention de quitter le syndicat intercommunal ayant en charge la gestion du commissariat de Verneuil-Vernouillet et la vidéosurveillance dès septembre 2020, lorsque Triel-sur-Seine avait perdu la présidence de ce dernier. « Il n’y a pas eu d’échanges politiques, d’échanges techniques, de tentative de construire un projet, c’est un choix : il préfère gérer en cavalier seul la sécurité de sa ville », retrace Michel Debjay l’actuel président du Sivucop et adjoint à la sécurité de Verneuil-sur-Seine.
Au début de l’année 2021, les conseils municipaux des trois communes devaient donc statuer sur cette sortie. Votée à Triel en février, puis à Verneuil, l’engrenage s’est cependant enrayé au mois d’avril lorsque Pascal Collado a retiré la délibération de l’ordre du jour. Interrogé par sa prédécesseure et binôme politique de Cédric Aoun pour les élections départementales, Marie-Hélène Lopez-Jollivet (SE), l’édile vernolitain avait expliqué devoir d’abord évaluer les conséquences pour sa ville. Jusque-là les trois communes étaient effectivement engagées solidairement vis-à-vis du remboursement des locaux du Sivucop : un poste de police de 300 m² inauguré en 2014 et mis en service seulement cinq ans plus tard.
« Bien m’en a pris puisqu’il y avait un risque non-négligeable pour les finances de la Ville », assure Pascal Collado qui a récemment élaboré, avec ses deux homologues, un protocole de répartition « pour que la Ville de Triel récupère ce qui était son dû et seulement son dû ». À savoir, la part de la fiscalité qui a été levée au titre du Sivucop pour l’année 2021 représentant un montant de 150 000 euros.
De quoi interroger Georges-Édouard Bacle, conseiller municipal de Verneuil-sur-Seine qui a quitté les rangs de la majorité avec quatre autres élus suite à l’importante augmentation de fiscalité du syndicat en septembre dernier. « Dans les contributions fiscalisées, la quote-part de Triel était de l’ordre de [37 500 euros] pour l’année 2021 donc relatif finalement au remboursement des emprunts pour le poste de police, note ce dernier. Y a-t-il une notion d’engagement de Triel, à savoir qu’ils ont beau quitter le Sivucop, est-ce qu’ils vont néanmoins continuer à payer ? » Le départ de la commune au 31 décembre 2021 permet aux Triellois d’esquiver ce scénario.
« Je ne vois pas pourquoi les Triellois continueraient de payer un service qui est sur Verneuil-Vernouillet alors qu’on n’a rien eu pendant presque dix ans », argumente Cédric Aoun le 8 décembre. Devant son conseil, l’édile souligne qu’en récupérant cette compétence, il prévoit de monter des dossiers de subvention pour de nouvelles caméras ainsi qu’une extension du centre de supervision urbain.
Le maire ne cache pas sa satisfaction. « Il y a toujours ce centre de police avec des forces de police nationale et comme c’est un service public, si on les appelle sur Triel, ils ont quand même l’obligation de venir, explique Cédric Aoun. Donc ça veut dire que Verneuil-Vernouillet vont continuer de payer pour Triel : moi ça me va parfaitement. »
De l’autre côté de la Seine, la tendance reste à la coopération. En effet, les villes de Verneuil-sur-Seine et Vernouillet s’apprêtent à créer, « d’ici la fin du premier trimestre 2022 », une police municipale intercommunale sous la direction administrative du Sivucop. « On aura une seule police commune aux deux villes avec un management opérationnel et un territoire qui sera celui des deux communes », explique Michel Debjay des modalités de cette mutualisation de moyens.
Le président du Sivucop précise également que le fonctionnement de la police intercommunale sera financé au prorata du nombre d’habitants. Pour autant, cela implique de devoir d’abord dissoudre la police pluricommunale que les deux communes voisines avaient créée le 12 juillet dernier pour pallier les manques d’effectifs de chacune. Chose qui a été faite en conseil municipal le 14 décembre.
Durant la séance, les élus d’oppositions ont exprimé quelques doutes sur l’intérêt de constituer une police intercommunale. « Nous pensons qu’une police municipale doit rester une police de proximité, de tranquillité et de prévention, juge Fabienne Huard, cheffe de file SE du groupe Alternative citoyenne pour Verneuil, également opposé au choix d’équiper les fonctionnaires d’armes létales. [La police municipale] n’a pas pour mission de se substituer à la police nationale. »
« Ne faudrait-il pas plutôt engager un acte deux de la police pluricommunale ? », propose de son côté Julien Fréjabue pour le groupe Verneuil l’avenir ensemble. Son groupe s’interroge notamment sur les directives qui pourraient être données aux effectifs en cas de désaccord des deux maires. Selon Michel Debjay, un débat s’est effectivement posé au conseil syndical du Sivucop sur la question de l’échéance. « Tout le monde n’était pas d’accord […] c’est vrai qu’on pouvait se poser la question de rester en pluricommunale un peu plus longtemps [mais] d’autres ont estimé qu’il fallait aller plus vite pour de bonnes raisons également », rapporte l’adjoint à la sécurité.
« Ce qui va changer concrètement pour les Vernoliens c’est une question d’horaires, abonde Fabien Aufrechter. Les Vernoliens font plus de demandes de police municipale le soir ou voire la nuit et ça aujourd’hui malheureusement ça n’existe pas : c’est ce que va nous permettre de faire la police intercommunale. »