Projet de prison : le bras de fer se poursuit

La réunion publique organisée par la Ville le 31 mai a rassemblé plus de 500 personnes au gymnase Marie-Amélie-le-Fur. Surtout, elle a démontré l’union sacrée face au projet du futur établissement pénitentiaire. Maires, députés, sénateurs, tous seront présents afin de faire flancher l’Etat.

L’endroit est bien choisi pour l’occasion. Michel Lebouc n’a pas privatisé de salle pour sa réunion publique du 31 mai, cependant l’organiser dans le gymnase Marie-Amélie-Le-Fur n’est pas le fruit du hasard. Celui-ci jouxte le lycée Senghor, qui devrait devenir voisin du futur établissement pénitentiaire.

Dès l'entrée du gymnase Marie-Amélie-le-Fur, le ton était lancée.
Dès l’entrée du gymnase Marie-Amélie-le-Fur, le ton était lancée.

En dehors des habitants – venus de tout le Mantois – c’est surtout le nombre d’élus qui saute aux yeux. Une véritable rangée d’écharpes tricolores. Député, sénateurs, maires, conseillers municipaux, tous avaient donc marqué d’une croix blanche la date de cet événement. « Il ne manque que la plus grande ville du Mantois ainsi que des députés de la majorité » déplore un Michel Lebouc, micro à la main et dont l’image était retransmise grâce à un vidéoprojecteur HD. Mais ces absences ne démontent pas l’atmosphère d’union sacrée qui règne dans la salle. Les trois tables rondes qui se succèderont en seront la plus belle des preuves.

« Une sorte de 49-3 »

Sophie Primas, la sénatrice LR des Yvelines, se place à côté de Benjamin Lucas, député NUPES de la 8ème circonscription. « Pourtant, nous ne sommes pas du même bord politique » lance l’ancien premier secrétaire de Génération.s, « pas encore mais tu peux venir garnir nos rangs » réplique alors la vice-présidente du Sénat. Par ailleurs, elle concède sans mal que sa présence dénote avec le positionnement habituel de son parti. « Nous souhaitons la création de prisons mais il faut de la concertation » martèle-t-elle. La sénatrice prend comme exemple le centre pénitentiaire de Caen-Ifs (Calvados), mis en service le 3 décembre 2023. Il se trouve au fin fond d’une friche industrielle, tout le contraire du site choisi par l’APIJ (Agence publique pour l’immobilier de la justice) à Magnanville. Alors qu’elle disposait de plus d’une trentaine de choix, elle s’est tournée vers le lieu se trouvant à quelques encâblures du lycée Senghor et des habitations.

« Prison rime avec sécurité mais cela n’amènera pas plus de sérénité, rappelle une des personnes présente dans le public, il n’y a qu’à voir les différents catapultages autour de la prison de Bois d’Arcy ». Stanislas, Magnanvillois depuis 2019, lui emboîte le pas : « J’habitais auparavant à Nancy, et l’arrivée de la prison coïncide avec plusieurs vols et une baisse de la valeur immobilière des logements aux alentours. » Les participants se questionnent : est-ce que l’APIJ a bien réfléchi ? « Malheureusement oui, regrette Sami Damergy, mais si elle devait appliquer son cahier des charges, le site magnanvillois serait retoqué, rejoignant toutes les autres propositions ». Sophie Primas ne décolère pas et ose même une comparaison avec le 49-3. « Et nous, qu’est-ce que nous pouvons faire ? » demandent alors des lycéennes, principales concernées par l’arrivée éventuelle de l’’établissement pénitentiaire. Les politiques les enjoignent alors à manifester pour que toutes les voix soient entendues. D’ailleurs, Emmanuelle Baron, avocate au cabinet SEBAN, conseille d’utiliser les futures réunions publiques prévues par l’Etat : « Si le rapporteur de l’enquête publique émet un avis défavorable grâce à vos contributions, alors peut-être… » Enfin, les élus locaux ont lancé une invitation au Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti pour qu’il puisse constater le rejet net de son projet.

Plus de 500 personnes, essentiellement des Magnanvilloises et Magnanvillois, se sont déplacées pour cette réunion publique.