JO 2024 : une fierté nuancée autour des centres de préparation

Breakdance, boxe, aviron et basket … Six sites sportifs de vallée de Seine ont été retenus comme centres de préparation aux Jeux olympiques pour 11 disciplines. S’ils sont satisfaits de cette reconnaissance, clubs et collectivités sont désormais en attente des sollicitations des délégations étrangères.

Le stade Claude Fichot à Conflans-Sainte-Honorine, le Cosec Pablo Neruda aux Mureaux, le stade nautique international Didier Simond à Mantes-la-Jolie, la plaine des sports Grigore Obreja à Buchelay, le complexe sportif Marcel Cerdan et le stade Léo Lagrange à Poissy. Toutes ces infrastructures sportives sont présentes dans le catalogue des centres de préparation aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Il est disponible en ligne à l’adresse prepare.paris2024.org/fr et a pour objectif de permettre aux délégations sportives de venir s’entraîner dans le pays hôte des prochains Jeux olympiques. Alors que les clubs de vallée de Seine contactés se réjouissent de voir les infrastructures dans lesquelles ils s’entraînent retenues dans le catalogue, plusieurs émettent néanmoins des doutes quant à la possibilité d’attirer des équipes.

C’est notamment le cas de Stéphane Bregeon, entraîneur au club Olympic judo 78 Buchelay Mantes, qui se dit néanmoins particulièrement « fier » de voir la plaine des sports Grigore Obreja retenue pour le judo comme centre de préparation. « L’infrastructure est magnifique […] et les installations sont remarquables […]. Ce qu’il manque à Buchelay, pour le judo, c’est peut-être un vestiaire avec un sauna. Le judo est un sport de combat et un sport de poids et les athlètes ont besoin, après les entraînements, de faire une relaxation et une perte de poids. Le sauna ce n’est pas indispensable mais cela pourrait être un plus », déclare-t-il en déplorant ­également le manque ­d’hébergements à ­proximité.

Le manque d’hébergements est également un constat formulé par Frédéric Andolfi, président de la section aviron de l’Association sportive mantaise (ASM). Le stade nautique international Didier Simond où le club s’entraîne est retenu dans le catalogue pour cette discipline. Sur les atouts de ce lieu, le site internet des centres de préparation aux Jeux olympiques indique que « le bassin bénéficie d’une exposition au vent dans l’axe et d’une profondeur régulière sur toute sa largeur permettant une pratique confortable et une équité entre chaque ligne d’eau ».

« C’est un super outil car il est plutôt abrité comme bassin […]. J’ai ­toujours apprécié ramer dessus », affirme Claire Bové, licenciée à l’ASM et médaillée d’argent en aviron aux Jeux olympiques de Tokyo qui se sont déroulés en 2021. Alors que le catalogue précise que le stade nautique international Didier Simond bénéficie également d’un « espace de stockage de bateaux, de bureaux, d’une salle d’entraînement spécifique équipée d’ergomètres, de vestiaires et d’un tank à ramer (équipement fixe constitué d’un bateau installé dans un bassin d’eau, Ndlr) », Claire Bové affirme que les infrastructures gagneraient à être modernisées.

L’équipe de basket-ball de Poissy, en Nationale 2, joue ses matchs au complexe sportif Marcel Cerdan. Le lieu est d’ailleurs recensé comme étant un centre de préparation pour le basket-ball, le judo, le cyclisme sur route, le rugby à sept et le handball.

« Pour pratiquer l’aviron, c’est une infrastructure qui est parfaitement adaptée et le bassin est reconnu par les pratiquants, les compétiteurs comme un bassin extrêmement fiable et qui leur convient totalement pour la pratique de la compétition […]. Pour les infrastructures, elles ont besoin d’être modernisées parce qu’un stade nautique vieillit et dépérit dans le temps donc il y a forcément des travaux de réhabilitation du stade nautique à faire », renchérit Frédéric Andolfi qui craint que les infrastructures soient un frein à la venue des équipes. Il précise néanmoins que le club a déjà accueilli, à deux reprises, des représentants de la délégation chinoise pour visiter le site. Pour aider à la modernisation des infrastructures, le Département a, lui, annoncé qu’il investira « 10 millions d’euros » (lire encadré).

« Effectuer un stage au sein d’un centre de préparation aux Jeux, c’est une opportunité unique de bénéficier de lieux d’entraînements conformes aux spécificités techniques de votre discipline mais c’est surtout profiter d’un contact privilégié avec le pays hôte », rétorque Tony Estanguet, triple champion olympique en canoë monoplace slalom et président du comité d’organisation de Paris 2024, sur le site internet du catalogue des centres de préparation.

L’adjoint en charge des sports aux Mureaux, Damien Vignier, confirme que les infrastructures doivent répondre à des conditions exigeantes. « Il faut que les installations soient aux normes. Il y a un cahier des charges assez conséquent », explique-t-il en précisant que le Cosec muriautin Pablo Neruda, est retenu pour le breakdance, la boxe, le handball mais aussi pour la boccia aux Jeux paralympiques. Avec le centre Oxygène Factory d’une capacité de 220 chambres, l’élu espère bien que des sélections répondront présentes. Pour cela, il a déjà montré l’infrastructure sportive et les hébergements aux ambassades du Zimbabwe, de Gambie, du Sénégal et du Japon. « C’est un peu du lobbying », reconnaît Damien Vignier.

La plupart des clubs contactés espèrent en tout cas qu’ils pourront échanger avec les sélections venues s’entraîner dans les infrastructures. « On pourrait regarder les méthodes d’entraînements […]. Cela pourrait déboucher sur quelque chose d’intéressant », imagine Gilles Jaladon, directeur sportif du club de judo de Poissy. Le complexe sportif Marcel Cerdan servant de lieu d’entraînement au club peut accueillir un centre de préparation au judo, au handball, au rugby à sept, au cyclisme sur route et au basket-ball. Dans cette dernière discipline, Stéphane Lecordier, président du club de Poissy, espère également pouvoir avoir des échanges avec les ­sélections de basket-ball.

Tandis que le stade conflanais Claude Fichot est retenu pour l’athlétisme, celui de Léo Lagrange, à Poissy, est recensé pour le football et le triathlon. « [Il s’agit du] lieu d’entraînement régulier du Poissy triathlon avec Andréa Lewis, Olivier Marceau, Cassandre Beaugrand et Jessica Harrison », déclare le communiqué de présentation de cette dernière infrastructure sportive. Comme le relatait La Gazette en Yvelines en septembre 2021, Cassandre Beaugrand a obtenu une médaille de bronze en relais aux Jeux Olympiques de Tokyo avec Léonie Périault, Dorian Coninx et Vincent Luis.

Le catalogue des centres de préparation aux Jeux Olympiques 2024 précise que le stade nautique international Didier Simond bénéficie d’un « espace de stockage de bateaux, de bureaux, d’une salle d’entraînement spécifique équipée d’ergomètres, de vestiaires et d’un tank à ramer (équipement fixe constitué d’un bateau installé dans un bassin d’eau, Ndlr) ».

« Je ne me suis jamais vraiment posée la question [si la présence d’un sportif de haut niveau pouvait influencer la venue des délégations pour venir s’entraîner] mais j’imagine que, dans la réflexion d’une personne, si un athlète médaillé aux Jeux Olympiques s’entraîne à un endroit c’est que cet endroit doit être un bon lieu d’entraînement. Cela peut être un plus », confie Claire Bové qui espère bien que sa médaille d’argent aux derniers Jeux Olympiques sera un atout pour attirer des équipes à Mantes-la-Jolie.

La date limite concernant le choix des centres de préparation n’est pas connue. « Pour l’instant, les délégations prospectent, affirme Damien Vignier. Ce qu’elles veulent c’est pouvoir commencer à faire des stages de préparation aux Jeux dès 2023. »

Dix millions d’euros pour « moderniser » les centres de préparation

Lors de son assemblée le 22 avril dernier, le Département des Yvelines a adopté le dispositif « Rayonnement olympique des Yvelines » pour une période allant du 1er mai 2022 au 29 avril 2023. D’un montant de 10 millions d’euros d’investissements, ce dispositif « sera la première pierre d’une stratégie Jeux olympiques dont la cible concerne principalement les collectivités propriétaires de centres de préparation aux Jeux et des fédérations sportives présentes sur notre territoire désireuses de moderniser leurs équipements sportifs », souligne Olivier de La Faire, conseiller départemental du canton de Versailles-1.

L’objectif poursuivi par le Département est également la création d’annexes « favorisant le rayonnement [des équipements] mais aussi [leur] positionnement dans le paysage sportif national », tout en créant « un héritage post-JO pour accueillir des épreuves nationales et internationales et de faire profiter au plus grand nombre nos équipements sportifs majeurs », poursuit le conseiller départemental.

Les Mureaux mise sur les Jeux paralympiquesE

Déjà retenue comme base arrière pour accueillir les athlètes paralympiques de boccia, sport proche de la pétanque et du curling, la Ville des Mureaux entend bien être séduisante pour les délégations internationales des Jeux paralympiques 2024.

Elle envisage également de créer, au Cosec, un pôle permettant l’accueil et l’entraînement du para-tir à l’arc. « Au-delà des Jeux, aujourd’hui on a beaucoup de clubs qui ne peuvent pas accueillir de licenciés en situation de handicap car les lieux ne sont pas adaptés », détaille de la volonté municipale, l’adjoint au sport, Damien Vignier. Pour cela, d’importants travaux de mise en accessibilité devraient être menés à la fois sur le pas de tir muriautin mais aussi à l’intérieur de l’équipement pour une enveloppe estimée à 79 086 euros.

Celle-ci doit permettre de retravailler à la fois le cheminement du pas de tir, son éclairage, son abri ainsi que l’accessibilité des vestiaires à l’intérieur même du Cosec. Pour parfaire ces aménagements avant l’arrivée des archers, la Ville peut compter sur l’expertise de son club local, la compagnie d’Arc des Mureaux, qui compte dans ses rangs un double champion de France (2019,2021) de para-tir à l’arc, sur 50 et 70 mètres. « Une demande de subvention a été déposée auprès de l’Agence nationale du sport dans le cadre du dispositif de mise en accessibilité des équipements sportifs structurants pour 52 724 euros », précise Damien Vignier.