Le Siaap mis en demeure par la préfecture

Epinglé pour sa discrétion, le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap) est notamment sommé de transmettre les rapports finaux des incendies survenus en 2018 et 2019 à l’usine Seine aval.

Serait-ce là l’ultime avertissement des pouvoirs publics ? La préfecture a publié, le 29 octobre dernier, un arrêté mettant en demeure le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap), pour la sécurité de la station d’épuration Seine Aval située conjointement sur les communes d’Achères, Saint-Germain-en-Laye et Maisons-Laffitte.

Plus de deux ans après l’important incendie qui avait frappé le site classé Seveso seuil haut, le Siaap est aujourd’hui sommé de respecter les délais de mise en conformité de sa station, et transmettre des documents relatifs aux incendies survenus en 2018 et 2019. Pour rappel, l’unité de clarifloculation avait été ravagée par un incendie d’origine électrique, le 3 juillet 2019. Contacté, le Siaap n’a pas souhaité ­commenter cette mesure.

Car si l’an passé le syndicat avait dévoilé un plan d’action devant ­permettre de faire progresser le site en terme de sécurité, une inspection qui s’est déroulée cet été a néanmoins pointé des retards, « notamment sur certains travaux de détection et cloisonnement incendie, le confinement des eaux incendie, le renforcement de l’équipe d’intervention du site », rapporte la direction régionale interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (Drieat).

Et ce alors même que la station d’épuration avait déjà été placée, le 1er juillet dernier, en « vigilance renforcée » par le ministère de la transition écologique qui a dressé une liste de 14 sites industriels faisant l’objet « d’incidents réguliers ou de non-conformités récurrentes ». L’arrêté préfectoral prévoit ainsi que le Siaap devra, dans un délai d’un mois, « transmettre les rapports finaux des incendies du bâtiment filtre-presse du 13 février 2018 et du bâtiment clarifloculation du 3 juillet 2019 », mais également mettre en place de la détection incendie dans les locaux sensibles : l’une des défaillances majeures dévoilées à l’époque par les conclusions de l’audit de sécurité. Le cabinet chargé de ce dernier avait attribué au Siaap une note de 1,5 sur 5, rapportait en mars dernier Le Parisien.

L’arrêté préfectoral prévoit que le Siaap devra mettre en place de la détection incendie dans les locaux sensibles, une des défaillances majeures dévoilées par les conclusions de l’audit de sécurité.

Sur ce point, le préfet des Yvelines contraint ainsi le Siaap à réaliser « 15% » de ces travaux avant la fin de l’année, pour une livraison finale un an plus tard. La direction du Siaap souligne à La Gazette que l’appel d’offres pour la reconstruction du bâtiment de la clarifloculation, est en cours.

Le texte précise que « dans le cas, où l’une de ces obligations ne serait pas satisfaite dans le délai prévu […] et indépendamment des poursuites pénales qui pourraient être engagées, il pourra être pris à l’encontre de l’exploitant les sanctions (financières notamment, Nldr) prévues par le code de ­l’environnement ».

Un système d’alerte aux populations par texto, bientôt testé près de la station d’épuration ?

À l’occasion d’une réunion publique organisée dans la commune le 27 octobre, Natalia Pouzyreff (LREM), députée de la sixième circonscription des Yvelines, a évoqué son travail de vigilance autour des sites à risque classés Seveso.

À ce propos, l’élue qui a fait partie de la mission d’information consacrée à l’incendie de l’usine Lubrizol qui a eu lieu le 26 septembre 2019 dans la région rouennaise, a suggéré au ministère de l’intérieur que sa circonscription soit le terrain d’expérimentation d’un nouveau système d’alerte pour prévenir la population en cas d’incident.

Appelé « Cell broadcast » ce dispositif permettrait par exemple à la préfecture d’envoyer, en cas d’un nouvel incendie à l’usine du Siaap, un message d’alerte et de consigne, sous forme de texto, aux habitants situés à proximité. Pour la députée, il s’agit d’un dispositif complémentaire aux sirènes. « Les sirènes c’est toujours bien ça alerte […] mais elles ne vous disent pas ce que vous devez faire, argumente Natalia Pouzyreff. Ça devait être testé durant l’été, mais ça a visiblement pris du retard. »

Contactés, les services de la préfecture n’ont pas confirmé cette hypothèse. D’après une information relayée par Le Parisien, une simulation d’incident doit être organisée en 2022 sur huit communes, dont Achères, Maisons-Laffitte, Conflans-Sainte-Honorine, Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines, dans le cadre du plan particulier d’intervention.