Des Boutiques à l’essai pour redynamiser les cœurs de ville

Voilà plusieurs années que les Boutiques à l’essai se développent dans plusieurs communes du territoire. Ce dispositif déployé dans plus de 100 villes en France permet à la fois aux collectivités de donner un coup de fouet à leur tissu économique, et aux entrepreneurs de tester leur projet à moindre frais.

Fédération nationale des boutiques à l’essai

Depuis le 21 mars dernier, les dossiers affluent à la mairie d’Aubergenville. C’est à cette date qu’a été lancé l’appel à candidatures pour la toute nouvelle Boutique à l’essai, inaugurée au 7 place de l’église le jour même. « Cette action démontre notre volonté de promouvoir et défendre le commerce local avec des dispositifs innovants », s’était alors félicité le maire de la commune Gilles Lécole.

Mais c’est quoi, exactement, une Boutique à l’essai ? Né en 2013, le concept a un double objectif. Pour les communes, d’abord, cela permet de redynamiser les centre-villes désertés par les commerces et d’accroître leur attractivité. Pour les porteurs de projet, le dispositif a l’avantage de leur donner un cadre pour implanter leur idée de commerce dans les meilleures conditions… et à moindre frais. En effet, outre un local idéalement situé et la possibilité de renouveler une fois son bail de 6 mois, la Boutique à l’essai propose un loyer minoré, permettant de se lancer en prenant moins de risques.

« Avoir une bonne idée », seul prérequis

L’autre avantage, c’est que tout porteur de projet peut candidater s’il le souhaite. « Il n’y a pas forcément de prérequis, si ce n’est avoir une bonne idée, souligne Maxime Bréart, coordinateur national des Boutiques à l’essai. On attire les créateurs d’entreprises en lançant des appels à candidatures, en mobilisant nos partenaires, et après, toute personne peut postuler. Le but est de diversifier l’offre commerciale ».

Pour la Boutique à l’essai d’Aubergenville, les candidatures restent ouvertes jusqu’au 7 juin prochain. (Ville d’Aubergenville)

En Vallée de Seine, nombreuses sont les communes ayant été séduites par l’idée. À Limay, Amandine, Samia et Wassila ont développé May Sap, une boutique de prêt-à-porter pour femmes. À Mantes-la-Jolie, la mercerie O Fil du temps propose un large choix de fils, tissus laines ou rubans, tandis que du côté des Mureaux, on retrouve La carte à jouer, un bar à jeux de société. Des locaux ont également trouvé preneur à Bonnières-sur-Seine, Thoiry ou Magny-les-Hameaux. Et parmi les petites nouvelles, il y a la Boutique à l’essai d’Épône, où Radoine Ayourjil s’est installé avec sa société de vente de produits laitiers en circuit court, baptisée Mon P’tit Lait, au mois d’octobre dernier.

« À l’origine, on cherchait un plus grand local », se souvient l’entrepreneur, qui était auparavant installé du côté de Buchelay. Car avant d’avoir son local éponois, Mon P’tit Lait se résumait à de la livraison à domicile. « On nous a parlé de cette boutique. Au début on était très réticent, notamment avec la hausse des prix de l’électricité. Mais on nous a dit qu’au contraire, cela pouvait permettre aux gens de connaître le concept. Alors on s’est dit qu’on allait tenter, parce qu’avec la Boutique à l’essai on n’a rien à perdre : si ça marche on reste, si ça ne marche pas, on rend ».

Depuis, le concept de Mon P’tit Lait s’est développé : en payant un abonnement mensuel, on reçoit chaque semaine ses bouteilles de lait issu directement des producteurs de la région. « Aujourd’hui, on a un réseau de 17 fermes, avec par exemple celles de Guerville, de Viltain, de Grignon… », précise Radoine Ayourjil. Il est également possible de se rendre directement au sein de la boutique située dans le centre-ville, ce qui est déjà devenu une habitude pour de nombreux Épônois. « Au fur et à mesure, les gens ont joué le jeu, ils venaient, ils découvraient et posaient pas mal de questions, s’enthousiasme le propriétaire. Aujourd’hui, on a des clients fidèles qui viennent toutes les semaines. On a vraiment sous estimé la population d’Épône, il y a un peu de retraités, des gens du coin, mais surtout des gens qui sortent du ­travail ».

Avec Mon Ptit Lait, Radoine Ayourjil propose de la vente de produits laitiers en circuit court à Épône.

« Notre but, c’est de garder la boutique »

Avec l’arrivée des beaux jours, Radoine Ayourjil veut aller plus loin en lançant de nouveaux produits comme des glaces ou des milkshake, toujours avec du lait issu de fermes locales. Mais pour ça, il espère transformer l’essai en s’installant définitivement au sein de la commune. « J’espère qu’on va renouveler, notre but, c’est de garder la boutique », glisse-t-il.

Si le développement des Boutiques à l’essai est aussi actif dans les Yvelines, c’est aussi grâce à la participation du Réseau Initiatives Seine Yvelines, qui accompagne à la fois les municipalités et les porteurs de projets pour trouver l’union parfaite. « Les Mairies nous mandatent pour qu’on s’occupe de tout de A à Z, souligne Magali Pic, cheffe de projet développement et financement pour le Réseau Initiative Seine Yvelines. On gère toute la communication des projets, de la vitrine aux flyers en passant par les réseaux sociaux, et on gère les candidats qui postulent en demandant les documents, en analysant les prévisionnels… On ne veut pas présenter des candidats aux projets pas assez mûrs ».

Une fois les dossiers montés, vient le moment du choix. Les comités de sélection sont composés d’élus et de partenaires privés, mais à l’arrivée, c’est bien la Mairie qui tranche. Et une fois la boutique installée, la mission du Réseau Initiative n’est pas finie, loin de là. « Le candidat envoie ses chiffres, on l’appelle et on va le voir régulièrement pour voir si on peut ensuite transformer l’essai », explique Magali Pic. Alors qu’un commerce sur deux ferme au bout de trois ans, les trois-quart des Boutiques à l’essai parviennent à durer dans le temps grâce à cet ­accompagnement.

Deux d’entre elles devraient d’ailleurs ouvrir leurs portes dans les prochains mois en Vallée de Seine : celle de Porcheville (29 boulevard de la République), et celle d’Aubergenville, mentionnée ci-dessus. D’ailleurs, les candidatures pour celle-ci restent ouvertes : si vous souhaitez tenter votre chance, vous pouvez transmettre votre dossier à l’adresse projet@initiative-seineyvelines.fr, et ce jusqu’au 7 juin prochain.

Des boutiques… mais pas que

La Fédération des Boutiques à l’essai, créée en novembre 2014, propose 4 types d’actions différentes. Outre l’ouverture d’un commerce, les restaurateurs peuvent aussi tenter leur chance avec Mon resto à l’essai, qui permet de tester son idée de restaurant dans un local déjà aménagé pendant 12 mois. À l’issue de la période d’essai, le nouveau restaurateur peut s’installer de façon définitive, comme pour les commerçants. L’originalité de cette opération est de proposer aux habitants de participer au choix du lauréat en organisant une dégustation des plats. La Fédération a également imaginé « Opération Pop’up » pour mettre en place des boutiques éphémères, ou encore « Initiative Truck », afin de détecter des porteurs de projets souhaitant développer une boutique ambulante, un bureau mobile ou un foodtruck.