Législatives 2024 : Dieynaba Diop, à jamais la première

Dieynaba Diop l’a fait. Dans une circonscription qui n’a connu que la droite ou le centre, la secrétaire départementale du PS a battu le candidat RN Laurent Morin. Avec 53,97 % des bulletins exprimés, elle fait donc son entrée au Palais Bourbon et peut se targuer d’être un exemple à suivre dans sa commune des Mureaux.

« Dieynaba ! Dieynaba ! Dieynaba ! » La nuit est tombée depuis une trentaine de minutes que les nombreuses personnes présentes au sein de l’hôtel de Ville des Mureaux acclament leur nouvelle députée Dieynaba Diop. Le rêve commençait déjà à être permis grâce à l’annonce des résultats nationaux à 20 h.

Alors que les instituts de sondage lui promettaient d’être la première force gouvernementale du pays, le RN est relégué à la troisième place, le front républicain réussissant son coup. Pourtant, localement, la secrétaire départementale du Parti Socialiste a dû faire face à des tentatives de déstabilisation de la part de son adversaire frontiste, Laurent Morin. En plus d’avoir refusé les débats sur des médias locaux, il relaye une fake news sur une garde à vue de son opposante suite à son retrait de permis alors qu’elle n’a jamais eu lieu.

Première femme de gauche élue sur ce territoire

« Ils nous ont dit que c’était impossible et pourtant nous l’avons fait » clame la professeure de français au Lycée Jean Rostand de Mantes-la-Jolie. En effet, la « 9ème », ses 88 communes alternant les villes et les champs, a été découpée en « F » par Charles Pasqua afin d’assurer tranquillement à Henri Cuq un poste d’élu.

Ce moment chargé d’histoire pousse même ses anciens élèves à parcourir la vingtaine de minutes qui sépare les communes mantaise et muriautine. « Elle est toujours venue pour nous féliciter lors de la cérémonie des diplômes, maintenant c’est à notre tour de le faire » s’émeut Ciré, l’un d’entre eux.

« C’est une enfant de la ville, elle sait d’où elle vient. Qui mieux qu’elle peut représenter les Muriautins et la 9ème circonscription » s’exclame une des personnes présente dans la mairie. Dans sa ville, Dieynaba peut se targuer d’un score stalinien, récoltant plus de 82 % des suffrages exprimés, ceux-ci lui offrant l’avance nécessaire pour assurer sa victoire (quasiment 6 000 voix de plus que Laurent Morin). Cependant, durant l’entre-deux-tours, elle s’est beaucoup déplacée dans les communes rurales ce qui lui a permis de réduire l’écart avec son adversaire frontiste, voire de l’emporter comme à Favrieux d’une petite voix (37 contre 36). Autre résultat notable, l’élue des Mureaux est arrivée en tête à Bonnières-sur-Seine et Aubergenville alors que ce n’était pas le cas au soir du 30 juin.

François Garay, l’édile muriautin, ne boudait pas son plaisir de voir son adjointe depuis 2008 accéder à une telle fonction au sein de la République française. « Elle peut laisser sa trace dans la politique de la Ville ou l’Éducation » prédit-il. Après avoir eu une pensée émue pour sa défunte mère et son père, tous les deux arrivés du Sénégal dans les années 60, Dieynaba Diop sait que le chemin à parcourir est encore long. « Il faut écouter celles et ceux qui sont en colère et qui se sentent en dehors de la République et du système afin d’éviter de tels moments de tension » détaille-t-elle. Pour cela, elle croit dans le programme de la gauche unie, « axé sur le pouvoir d’achat, notamment avec l’indexation des retraites sur l’inflation, et également capable de s’attaquer à l’insécurité, en prônant le retour de la police de ­proximité ».

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