En centre-ville, les collectivités font la chasse à l’habitat indigne

Les villes de Mantes-la-Jolie et des Mureaux s’apprêtent à entamer pour l’une et reconduire pour l’autre, un programme visant à aider les propriétaires de leurs centres-villes à engager des travaux de rénovation de leurs logements quand ceux-ci sont vétustes.

Les communes de Mantes-la-Jolie et des Mureaux ont fait, en fin d’année 2021, un pas de plus vers leur objectif commun de revitalisation de leurs centre-villes respectifs. Lauréates du programme Action cœur de ville, lancé par le gouvernement en 2018, les communes de vallée de Seine pourraient dorénavant toutes deux s’appuyer sur un dispositif supplémentaire pour accompagner cette mutation : l’Opération programmée d’amélioration de l’habitat – Renouvellement urbain (OPAH-RU).

Ce dispositif, principalement financé par l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) vise notamment à « lutter contre l’habitat indigne » en aidant les propriétaires privés à rénover leur bien. Alors qu’à Mantes-la-Jolie, l’outil doit être présenté aux habitants durant le mois de février (voir encadré), aux Mureaux, où l’opération est en cours déjà depuis cinq ans, l’objectif est de rénover, dans le centre-ville, une centaine d’adresses dans le prochain ­quinquennat.

L’OPAH-RU est un dispositif régi par une convention signée entre la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), qui pilote le projet, la Ville ainsi que l’ANAH. Il a pour objet d’intervenir sur des communes et des périmètres confrontés à d’importants dysfonctionnements comme la vétusté des immeubles, la vacance, ou les situations d’habitat insalubre. Les crédits débloqués doivent ainsi permettre d’inciter et d’aider les propriétaires privés, bailleurs et copropriétaires à ­engager des ­travaux de rénovation.

Ces derniers sont ensuite accompagnés par un opérateur, désigné par la communauté urbaine, qui les guide « sur le plan technique, financier, social, du diagnostic préalable au paiement des aides, en passant par la définition du projet », détaille GPSEO dans son dossier de présentation de l’OPAH-RU. Cet accompagnement sera assuré gratuitement par l’opérateur Soliha avec « des actions spécifiques pour les copropriétés ».

L’OPAH-RU a pour objet d’intervenir sur des communes et des périmètres confrontés à d’importants dysfonctionnements comme la vétusté des immeubles, la vacance, ou les situations d’habitat insalubre.

Pour la communauté urbaine, comme pour les communes, les objectifs de ces rénovations en centre-ville sont nombreux. Avec elles, les collectivités entendent notamment « améliorer le cadre de vie des propriétaires, occupants et des locataires, […] lutter contre l’habitat indigne et insalubre, ou encore lutter contre la vacance avec la remise en location de biens réhabilités ».

Au Mureaux, le programme a déjà plusieurs années derrière lui. Une OPAH-RU a effectivement été initiée sur le centre-ville en 2015. La Ville, qui en était maître d’œuvre avant que GPSEO n’en récupère la compétence en 2017, avait alors identifié 97 logements « dégradés ou en voie de l’être » à traiter. L’avenant signé au mois de décembre entre les trois entités vise dorénavant 177 adresses « où il faut intervenir prioritairement », d’après l’adjoint muriautin chargé de l’urbanisme, Boris Venon (PS).

Parmi elles, GPSEO dénombre « 36 logements locatifs, 55 logements très dégradés et 86 logements en copropriété », soit l’intégration de dix nouveaux immeubles dans un périmètre d’intervention qui s’étend désormais de la Seine jusqu’aux abords du stade Léo Lagrange.

Pour autant, sur les 97 logements fléchés dans la première phase de l’opération, seuls 26 ont, à ce jour, été livrés. « On a mis un certain temps pour monter le dispositif : il faut trouver le prestataire, identifier les adresses et puis ensuite convaincre les gens, attendre le vote des assemblées générales, faire les travaux : tout ça c’est très long », explique Boris Venon en soulignant que, sur les 71 dossiers restants, un certain nombre sont « plutôt bien avancés ».

Quatre millions d’euros sont investis pour réaliser cet objectif d’ici à la fin de la convention en 2027, dont 1,9 million pris en charge par l’ANAH. « C’est tout l’intérêt de ce dispositif parce que si ce n’était porté que par les collectivités, on pourrait mettre moins d’argent, mais il y a la moitié à peu près qui peuvent être portés par une agence d’Etat, souligne l’adjoint muriautin. Sur ce qu’il reste la communauté urbaine et la Ville mettent de l’argent : pour les Mureaux, on est autour des 300 000 euros. »

Aux Mureaux, dans le périmètre de l’OPAH-RU, GPSEO dénombre « 36 logements locatifs, 55 logements très dégradés et 86 logements en copropriété ».

S’il souligne qu’aux Mureaux les habitants concernés par l’OPAH-RU ont « plutôt bien compris l’intérêt », Boris Venon, note que l’acceptation se porte quand même bien mieux depuis que la convention prévoit la possibilité de recourir à un outil plus brut. Avec l’opération de restauration immobilière (ORI), un bien pourrait être mis sous déclaration d’utilité publique d’immeubles dégradés, créant l’obligation pour les propriétaires de réaliser les travaux nécessaires « tout en leur apportant des aides renforcées », précise à ce sujet ­GPSEO.

« On s’est laissé la possibilité, si le travail de conviction ne marchait pas, de recourir à cet outil pour obliger les gens réglementairement à faire les travaux, explique l’adjoint muriautin en précisant que la Ville n’a jamais eu besoin de s’en servir. Mais le simple fait que ça existe généralement, on sent que ça incite un peu plus les gens. » Le document de la communauté urbaine indique effectivement « qu’en l’absence de réalisation de ces travaux, dans le cas de propriétaires défaillants, bloquants ou passifs », une ­expropriation peut être ordonnée.

À Mantes-la-Jolie, l’opération bientôt présentée aux habitants

Une phase de concertation aura lieu durant le mois de février pour la mise en œuvre d’une OPAH-RU dans le centre-ville de Mantes-la-Jolie. Celle-ci repose sur la rénovation prévisionnelle de 685 logements privés situés dans un secteur allant du centre historique aux deux pôles gare. Au total, plus de 3,5 millions d’euros pourraient être investis dans ces opérations. « La dépense prévisionnelle pour le financement de l’ingénierie (le coût que représente l’opérateur, Ndlr) s’élève à 1,5 million d’euros financés par la Communauté urbaine, l’Agence nationale de l’Habitat et la Banque des territoires », détaille à ce propos GPSEO. En ce qui concerne les crédits dirigés vers l’aide aux travaux, la ville de Mantes-la-Jolie pourrait contribuer à hauteur de 500 000 euros.

Selon Jean-Luc Santini (LR), adjoint à l’urbanisme, de nombreux arbitrages doivent cependant encore se faire. Alors qu’un conseil municipal extraordinaire consacré au centre-ville, et présidé par l’ancien maire Raphaël Cognet (DVD) le 18 octobre, avait acté plusieurs annonces sur l’avenir de la centralité mantaise, Jean-Luc Santini, lui, se veut plus prudent sur les prochaines échéances. « Faire des annonces sans financement, c’est un peu compliqué, argue l’adjoint pressenti comme tête de liste pour les prochaines élections muncipales partielles. Lors du prochain conseil, le 7 février, va avoir des délibérations importantes pour avancer sur ce dossier puisqu’en octobre ce n’était qu’une intention, là on essaye de faire avancer les choses de façon plus concrète. »

Les Mantais restent tout de même invités à s’exprimer sur le projet qui sera soumis à la concertation jusqu’au 28 février prochain. Un dossier de concertation sera disponible sur le site internet de la communauté urbaine tout comme un registre papier à la mairie de Mantes-la-Jolie. Selon GPSEO, une réunion publique devrait se tenir « début 2022 » afin de détailler les accompagnements et les aides financières qui pourront être proposés aux propriétaires pour rénover leur logement.