Le maire Michel Pons (DVD) perd sa majorité, la commune est à l’arrêt

Une majorité d'élus a rejeté les délibérations du dernier conseil municipal de Villennes-sur-Seine, malgré de graves conséquences budgétaires pour la commune. Le maire exclut toute démission.

Le préfet devra-t-il intervenir pour débloquer la situation ? Le maire de Villennes-sur-Seine, Michel Pons (DVD), a été mis en minorité lors du conseil municipal du 21 décembre, les élus ayant refusé à une large majorité de voter les 13 délibérations proposées, en dépit d’importantes conséquences budgétaires. Ils lui reprochent opacité des décisions et manque d’implication auprès des habitants, et certains posent la question de sa démission… ou de la leur. Avec de nouvelles élections à la clé ?

« Je ne comprends pas, je n’ai jamais vu ça », fait part Michel Pons de son incompréhension, suite à la soirée du 21 décembre. Le précédent conseil s’était pourtant déjà déroulé dans une atmosphère houleuse. « Tout ça, c’est stupidités de gens qui ne se rendent pas compte », juge sévèrement l’édile, qui a rencontré le préfet dès le lendemain. « Il n’a pas compris pourquoi le conseil municipal avait aussi peu de souci de l’intérêt de la population villennoise », assure le maire.

« Il n’a pas de leadership », répond sèchement l’ex-premier adjoint et toujours membre formel de la majorité Olivier Hardouin (LREM). « Le mot d’ordre, accepté par 19 personnes, est que l’ensemble des délibérations désormais présentées par ce maire seront bloquées », annonce-t-il. « Je pense qu’il n’avait pas compris qu’il y avait un problème, analyse pour sa part Pierre-François Degand (LREM), président du groupe d’opposition Avenir Villennes. C’était préparé, il n’y a que le maire et trois ou quatre personnes qui n’étaient pas au courant. »

« En tant que premier adjoint, je n’avais jamais entendu parler du projet », assure l’ex-premier adjoint, Olivier Hardouin (LREM), de 82 logements rue de Marolles (photo), projet révélé par les riverains.

Ce soir du jeudi 21 décembre, Olivier Hardouin et le conseiller municipal délégué aux fêtes et animations, Marcel Djourno, demandent que les votes se fassent à bulletins secrets, d’après les témoignages des principaux protagonistes. « Le plus ancien et le plus jeune font cette demande au titre d’une majorité silencieuse », rapporte Olivier Hardouin, qui déplore la résistance du maire : « Il a fallu aller chercher les textes, et devant une demande de nombre d’élus, il n’a pas pu refuser. »

Suivent 13 délibérations, contre lesquelles votent à chaque fois au moins 19 conseillers sur les 27 présents dans la salle. « J’aurais pu arrêter le conseil, évidemment, mais j’ai préféré laisser faire, indique Michel Pons. Ca permet de dire aux Villennois, et je communiquerai en ce sens, que le maire a proposé des délibérations pour pouvoir investir sur des projets, demander des subventions, permettre de continuer les investissements sur le premier trimestre. »

Il veut envoyer un courrier aux associations sportives, culturelles, comme aux directeurs d’école et aux parents d’élèves. Il souhaite les informer ne pas être « en mesure de pouvoir acheter les équipements, les objets et faire les travaux dont ils ont besoin », mais aussi pour « qu’ils sachent d’où ça vient ». En effet, le budget communal est partiellement bloqué. « Il ne peut plus rien faire sauf expédier les affaires très courantes », résume Pierre-François Degand.

La réhabilitation et l’agrandissement de la maison des associations, ainsi que des travaux dans les écoles, entre autres, sont d’ores et déjà repoussés d’un an, faute du vote de demandes de subventions pour 1,6 million d’euros. Le maire ne pourra pas, comme le veut l’usage, continuer à investir d’ici au vote du budget prévu en avril : « Je vais arrêter aussi les travaux d’investissement engagés, dès lors que je n’aurai pas les moyens de payer les fournisseurs s’ils présentaient des factures. »

Encore plus grave, une modification budgétaire du budget 2017 n’ayant pas été validée par le conseil, le budget de fonctionnement devrait être en déficit, situation strictement interdite aux communes. « Cela risque de bloquer, entre autres, les salaires des agents sur le mois de janvier, fait examiner Olivier Hardouin. Le préfet va devoir prendre très vite la main sur les finances. »

« J’avais découvert un programme sur le plateau de Breteuil de 336 logements (photo) », explique l’ex-premier adjoint Olivier Hardouin (DVD), « débarqué il y a un an selon de fausses excuses ».

Comment Villennes-sur-Seine en est arrivée là ? « C’est trois ans et demi d’une conduite des affaires municipales qui n’est pas du tout cadrée, les dossiers sont mal ficelés, il y a des erreurs de communication qui sont énormes, estime de l’élection de Michel Pons en 2014 son principal opposant avant le 21 décembre, Pierre-François Degand. Il y a aussi dans sa propre majorité des dissensions énormes, des fractures sur certains sujets, des fractures d’hommes et de femmes. »

« C’est aujourd’hui un ras-le-bol général sur le fait qu’il y a un manque de transparence, un manque de communication », déplore Olivier Hardouin, issu de la liste menée par Jean-Michel Charles, qui avait rejoint celle du futur maire entre les deux tours de l’élection de 2014. Il avait été « débarqué il y a un an selon de fausses excuses » de sa fonction de premier adjoint, malgré l’accord qui avait permis la fusion des deux listes : « J’avais découvert un programme sur le plateau de Breteuil de 336 logements. »

Il venait s’ajouter aux 82 logements de la rue de Marolles, rendus publics par des riverains. « En tant que premier adjoint, je n’avais jamais entendu parler du projet », assure Olivier Hardouin. La dernière surprise en date, peut-être celle de trop, aurait touché son remplaçant, le premier adjoint Jean-Luc Bianchi (DVD) : « Il a découvert qu’une antenne Free allait être installée au bout de son jardin, sur le terrain de l’hôtel Campanile. »

Selon l’ex-premier adjoint, Michel Pons « fait très bien son job mais il le fait de manière totalement bureaucratique et technocrate », car il « lit les textes et nous dit qu’il n’y a rien à faire » (concernant les projets de logements, Ndlr). « En termes de management, de respect des procédures de gouvernance, j’ai parfaitement respecté toutes les règles qui s’imposent au maire », estime l’édile de Villennes-sur-Seine mis en minorité : « La campagne électorale pour les municipales a bien sûr commencé. »

Celle-ci pourrait cependant se produire dès 2018, les deux élus LREM demandant sa démission. « C’est le message qu’on a essayé de lui faire passer, Monsieur le maire a donné l’impression de ne pas vouloir le comprendre », avance Olivier Hardouin. Pierre-François Degand estime même « pas inenvisageable » une démission collective des conseillers municipaux. Seule certitude : « Je n’envisage aucunement la démission ! », lâche Michel Pons de cette suggestion.

Il souhaite que les élus du groupe majoritaire « se rendent compte de l’erreur qu’ils ont faite de ne pas permettre de continuer les investissements et les travaux prévus et de demander des subventions ». Ceux-ci n’en prennent pourtant pas le chemin. « Vu la situation, son budget n’est pas prêt d’être voté », menace Olivier Hardouin. « Si le budget n’est pas voté, c’est le préfet qui prend la main », alerte Pierre-François Degand.

Mise à jour, 28 décembre 2017 : contrairement à ce qui était indiqué dans une précédente version de cet article, Olivier Hardouin n’est plus étiqueté DVD depuis « plus d’un an », nous a-t-il précisé. « Je revendique et assume pleinement mon appartenance à LREM, j’ai d’ailleurs fait partie de l’équipe de Natalia Pouzyreff, et suis actif au sein de notre organisation départementale », détaille-t-il de son engagement actuel. Pierre-François Degand étant lui-même le suppléant de la députée de la sixième circonscription, s’avance-t-on vers une liste LREM à Villennes-sur-Seine ?